• Interview d'André Chassaigne suite aux résultats des élections européennes dans

    La Montagne du 27 mai 2014

     

     

    - La Montagne : Comment en est-on arrivé à ce que des classes populaires qui votaient communistes, à gauche, il y a peu de temps encore, donnent leurs suffrages au FN ?

     

    André Chassaigne : C’est indéniable : les idées de transformations de la société régressent. Avec, en parallèle, l’affaiblissement des forces qui les portent, comme le PCF. Si ce recul idéologique se traduit plus fortement dans les classes populaires, c’est que nos idées pénètrent beaucoup moins où se construisent les votes. Je veux parler des lieux de travail, mais aussi des quartiers, des villages. Ce repli est aussi accentué par le rouleau compresseur des grands médias dominants qui relaient les idées conservatrices, voire réactionnaires.

     

    - LM : Pourquoi le Front de gauche ne fait-il pas front face au FN ?

     

    AC : Je crois que le Front de Gauche est le rassemblement politique qui a le plus dénoncé les idées que porte le Front national. Mais nous devons aussi être lucide : notre rassemblement ne réussit pas à irriguer la société, à rassembler toutes celles et tous ceux qui veulent construire des réponses politiques concrètes et crédibles sans pour autant adhérer à une organisation. Il nous faut donc un débat stratégique sur ce que doit être le Front de Gauche : un outil efficace de rassemblement pour que les idées transformatrices deviennent une force. Pas un cartel d’organisations qui mène au repli, à des rigidités, voire à une concurrence stérile entre organisations qui en sont membres.

     

    - LM : Jean-Luc Mélenchon est-il encore légitime pour incarner ce front anti-Front ?

     

    AC : Il ne s’agit pas d’avoir un homme providentiel pour incarner un simple front anti-front. Bien au contraire, c’est le travail collectif qui fait bouger les consciences sur les causes réelles de la crise, sur les vrais responsables de l’austérité et du mal-vivre, sur nos propositions alternatives. L’avenir du Front de Gauche ne se résume donc pas à la légitimité d’un porte-parole, quel qu’il soit, mais bien davantage à une capacité de travailler au quotidien sur tous les terrains, au cœur de la population. La question est plutôt celle-ci : sommes-nous prêts à organiser ce travail collectif au côté de tous les progressistes ?

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        Par Alain Hayot, sociologue, délégué national à la culture du PCF 

    Le séisme politique que nous venons de vivre n’est pas le premier du genre mais il nous enjoint de penser et mener enfin l’indispensable contre-offensive pour reprendre la main politique et idéologique face à l’extrême droite et, parce que l’un ne va pas sans l’autre, face aux forces libérales et néoconservatrices, aux tenants de l’ordre actuel.

    Il faut pour cela cesser de croire à la fable qui décrit le vote FN comme un simple cri alors qu’il est de plus en plus un vote d’adhésion en faveur d’une conception de la société aux antipodes des valeurs de gauche.

    Va-t-on enfin prendre conscience que le Rassemblement bleu Marine se pose en alternative au capitalisme néolibéral, mondialisé et financiarisé auquel il veut substituer un capitalisme nationaliste, autoritaire, néoconservateur, identitaire et xénophobe. La voie lui est d’autant plus ouverte que l’UMP et le PS s’inscrivent dans la cohérence libérale incarnée par l’Europe, et la gauche alternative a un mal fou à élaborer et rendre lisible une démarche post capitaliste.

    Il faut définitivement renoncer au leurre du « front républicain » qui n’est que le dernier avatar d’une collaboration de classes sur fond de ralliement aux thèses libérales.

    La vraie question est plutôt de construire un pôle de rassemblement de la gauche antilibérale, sociale et écologique face aux deux autres pôles qu’annonce la recomposition politique en cours: le pôle bleu Marine autour du FN et d’une partie de la droite et le pôle social-libéral autour du PS et des centristes.

    Il faut alors que la gauche de transformation sociale soit en mesure d’offrir un projet et une démarche susceptibles de répondre aux trois questions majeures que pose la crise: 

    - Comment faire face à la montée des peurs et des angoisses générées par la crise économique et sociale, les replis sur soi, les divisions, la xénophobie et l’obscurantisme qu’elle provoque? Il nous faut pour cela renouer les liens de la solidarité entre toutes les victimes, quels que soient leur âge, leur origine, leur appartenance sociale ou territoriale. C’est la condition de la renaissance d’une conscience de classe, celle des dominés, et d’une hégémonie culturelle progressiste à la hauteur des enjeux du temps.

    - Comment affronter la fracture démocratique entre le peuple et sa représentation, entre les citoyens et la politique? Il faut le faire en refondant notre conception de l’État, de la République, de la laïcité et de la démocratie, par une révolution dans nos manières de faire de la politique. « Prenez le pouvoir » reste un slogan creux si nous ne lui donnons pas de chair.

    - Comment prendre à bras-le-corps la crise du sens qui fait perdre tout repère et l’idée même qu’il est possible d’influer sur le cours des choses? Au face-à-face mortifère entre le néolibéralisme qui aliène la condition humaine, la nature et la culture et le national-populisme, chronique annoncée d’un totalitarisme pour les temps qui viennent, il nous faut d’urgence inventer un nouveau récit émancipateur.

    Celui-ci doit croiser l’espérance communiste à l’égalité, le rêve féministe et libertaire à l’épanouissement des droits de chacun-e, l’urgence écologique à faire de la planète notre bien commun, l’utopie de la mondialité culturelle à faire vivre chacune d’entre elles comme leur nécessaire relation et l’aspiration citoyenne à décider du local au global. La contre-offensive que j’appelle de mes vœux passe par l’invention d’un grand dessein qui définit une nouvelle utopie, les valeurs et les idées qui les accompagnent pour alimenter les rêves et les désirs afin de rouvrir l’espoir.

    C’est en éclairant l’avenir que nous nous garderons de la barbarie.

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  • On nous annonce une abstention record aux élections européennes. Ce serait les citoyens les plus en difficulté qui se désintéresseraient de ce scrutin, plus particulièrement parmi celles et ceux qui ont été déçus par la "gauche"au pouvoir. Leur exaspération est légitime, envers l'Europe comme à l’égard du gouvernement ! Se priver d’un vote vraiment de gauche aux élections du 25 mai serait une erreur fatale.

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